Moderniser sans dénaturer


© Soulage

Performance lyrique, tableaux poétiques, adaptation et mise en scène originales, l’Opéra de Lyon revient avec sa production de 2015 pour le bonheur de tous ! Un opéra classique sur fond de magie, qui aborde les thèmes d’injustice sociale, de montée au pouvoir de la tyrannie et de l’aveuglement de tout un peuple. Laurent Pelly offre au public pour Noël ce conte accessible à tous, amusant et féérique à ne surtout pas manquer.

Fridolin est roi d’un peuple de débauchés que l’on découvre bière à la main au bar du coin ! Son gouvernement lui conseille d’épouser la princesse Cunégonde pour renflouer les caisses de l’État. Il s’avère que la jeune femme en robe et baskets n’a rien d’innocent et sera soudainement, comme l’ensemble de l’assemblée, charmée par un nouveau souverain : le Roi Carotte.

La sorcière Coloquinte a envouté ce légume et sa horde de radis, betterave, et navets, ainsi que la population toute entière. Le Roi déchu devra alors déjouer le tour de la magicienne maléfique, aidé par le génie Robin-Luron, Pipertrunck le chef de la police, Truck le grand nécromancien, et Rosée du Soir, ancienne prisonnière. Au fur et à mesure que les aventures de Fridolin avancent, le pouvoir du roi Carotte s’affaiblit. Il se verra renversé par les déçus de ce régime, soulevés contre l’oppression.

Moderniser sans dénaturer
Cet opéra présenté dans sa forme légère de 2h45 nous propose un condensé des principaux actes qui composent cette féérie. Même en perdant quelques éléments de l’histoire, on se plonge assez facilement dans ce récit métaphorique et entraînant. Entre les passages chantés et les échanges modernisés, les anachronismes pleuvent pour le bonheur du public !

La mise en scène est tout autant surprenante. Les artistes entrent sur scène de tous côtés. En haut, en bas, en dessous, sortant des meubles ou des livres géants que recèle cette bibliothèque envoûtée. Les décors glissent dans un ballet fantastique. Le plateau se transforme en fourmilière, puis en jardin, et traverse les âges pour nous emmener jusqu’à Pompéi avant sa tragédie. On y suit Fridolin et sa troupe à la recherche du remède magique qui pourra soigner la folie des hommes et de sa promise.

A la fin du dernier acte, avant la tombée du rideau, Fridolin arbore le drapeau de la victoire. Une image poétique qui n’est pas sans rappeler la toile d’Eugène Delacroix : “La Liberté guidant le peuple”. On oublierait presque que le remède peut être pire que la maladie. Un thème et une liasse populaire qui n’est pas sans rappeler l’actualité internationale.

Dans un Monde où règne encore la dictature et les injustices sociales, cet opéra ne semble pas avoir pris une ride. Une grande leçon sur la Société conçue il y a pourtant plus d’un siècle par l’association Jacques Offenbach-Victorien Sardou.

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Publié le 19 décembre 2019 : http://ruedutheatre.eu/article/4246/le-roi-carotte/

Le Roi Carotte
de Jacques Offenbach
Mise en scène : Laurent Pelly

Avec : Christophe Mortagne, Julie Boulianne, Yann Beuron, Christophe Gay, Boris Grappe, Chloé Briot, Catherine Trottmann, Lydie Pruvot
Direction musicale : Adrien Perruchon
Costumes : Laurent Pelly
Adaptation du livret, nouvelle version des dialogues : Agathe Mélinand
Décors : Chantal Thomas
Lumières : Joël Adam
Chef des Chœurs : Roberto Balistreri
Collaboration à la mise en scène : Christian Räth
Collaboration aux costumes : Jean-Jacques Delmotte
Production : Opéra de Lyon