A première vue amusante, avec des jumeaux caricaturaux et un jeu aux portes du burlesque, cette pièce dénonce au travers d’un récit d’aventures épiques la dure histoire du génocide arménien.

Rien n’était censé les rassembler. Et pourtant nous retrouvons dans ce hall d’aéroport Azad, un arménien discret, les « jumeaux » simplets Constantin et Calendal, et Yasmine, la femme de ménage à fort caractère. Vol retardé, ils ont une heure à perdre pour nous compter leur histoire. « Pourquoi leur raconter, ça ne va pas les intéresser » ; « Azad, ton histoire peut faire rire, ou pleurer, mais aussi et surtout elle peut aider à réfléchir, et faire que ce qui t’est arrivé n’arrive plus jamais à personne ». S’en suit une narration mise en scène avec les moyens du bord et les personnages s’improvisant acteurs. Une situation qui amène une légèreté naturelle à cette histoire qui cache pourtant une profondeur lourde et cruelle.

Comédie sous fond de tragédie

Azad traine un lourd passé derrière lui, auquel semble être relié Monsieur Agop, l’arménien du clan des Chapeaux, redouté à Marseille. Cet homme mystérieux est difficile à trouver, mais Azad doit lui révéler son terrible secret avant de partir. Les nouveaux amis feront des pieds et des mains pour y arriver, en croisant sur leur chemin des personnages comme Mégaphonien, qui chauffe l’ambiance au Vélodrome. Le public découvre peu à peu l’histoire d’Azad, son lien avec « Paron Agop », et leur passé commun : le génocide arménien.
Toute en légèreté, cette pièce parvient avec succès à nous sensibiliser sur la guerre, son gâchis, et nous apprend que « rien ne vaut la paix ». Les dialogues lourds de sens nous plongent dans l’histoire de l’Arménie, les souffrances d’un peuple encore actuelles, la douleur des familles…

Monsieur Agop
de Jean-Charles Raymont
Mise en scène : Jean-Charles Raymont
Avec : Bruno Bonomo, Patrick Henry, Hervé Pezière et Marie Salemi
Lumière et décors : Valérie Foury
Diffusion : Laurence Hebrard
Durée : 1h
Photo : © Laurence Hebrard

Publié le 25 juillet 2013
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