De la marionnette à Pantin



Dans le cadre de l’évènement Tam Tam, les dessous de la marionnette, et du Figuren Focus qui se concentre sur la marionnette allemande, le Théâtre du Fil de l’eau nous propose ce spectacle allemand, traduit en simultanéité. Poétique et émouvant, il nous entraîne dans une époque de guerre, à la rencontre d’un orphelin et de son histoire.

Une personne masquée d’un bec de corbeau rentre chez elle et croise sur son chemin une foule agitée, tambours battants. C’est la guerre. Elle s’évade alors à bord d’un train qui l’emmène tout droit dans un lieu familier. C’est la maison de son enfance. De vieux souvenirs ressortent : il y avait ici la chambre de ses parents, là le couloir dans lequel elle jouait à la marelle et par ici le jardin.

Elle se remémore l’histoire d’un petit orphelin courageux qui décide de partir à l’aventure, avec pour seules affaires les vêtements qu’il a sur le dos et une miche de pain dans la poche. Sur la route il rencontre d’autres enfants aussi perdus que lui implorant son aide. Il offre son morceau de pain à celui qui a faim, l’eau qu’il s’est efforcé de recueillir dans un seau à celui qui a soif et son écharpe à celui qui a froid. Plus tard, une jeune fille lui prendra ses jambes, un personnage sans bras lui dérobera sa veste et un homme lugubre ira jusqu’à lui demander de lui donner son cœur.

Un décor sombre, des feuilles mortes qui tapissent le sol, une maison qui se transforme en train, des personnages qui sortent du décor au son d’une musique tantôt douce, tantôt angoissante… Avec ce spectacle tout en images et en métaphores, on est vite pris de pitié pour ce petit personnage à tête lunaire, cet orphelin qui donne le peu qu’il possède. Son corps attaché à un arbre sans feuille est peu à peu dépouillé et deviendra aussi vide que les branches qui le soutiennent.

La traduction du texte donne étrangement encore plus de force à la présence déjà immense de la comédienne. Elle s’efface pourtant aisément derrière les marionnettes qu’elle manipule, souvent faites de bâtons de bois, aux visages tristes et apeurés. Les vestiges de la guerre allemande sont palpables, cette douleur de s’être tout fait prendre alors qu’on n’avait rien, avec ce personnage despotique et cauchemardesque de fin qui arrache ce qu’il reste de l’enfant…

Ce spectacle s’inscrit dans les Saisons de la marionnette 2007-2010. Quatre journées sont dédiées au charme des marionnettes dans plus de 180 lieux en France (dont une cinquantaine à Paris), avec un rassemblement de spectacles, des réflexions sur la production, la création et la structuration du réseau. L’enfant orphelin fait aussi parti du Figuren Focus, un coup de projecteur du 14 au 24 octobre sur notre voisin d’outre-Rhin.

« L’Allemagne est un pays où le théâtre de marionnette tient une place très particulière, avec plusieurs écoles et une dizaine de festivals dédiés à la marionnette », témoigne Isabelle Bertola, directrice du théâtre de la marionnette à Paris. « Pour l’événement Tam Tam nous voulions proposer un temps fort, c’est alors que nous avons choisis de faire un focus sur la marionnette allemande ». L’occasion ou jamais de voyager non seulement au pays des marionnettes mais aussi au delà des frontières terrestres.

L’enfant orphelin
de Das Verwaiste Kind
Mise en scène : Kristina Feix et Ilka Schönbein
Avec : Mo Bunte
Conception : Ilka Schönbein et Mo Bunte
Jeu, fabrication des marionnettes, scénographie : Mo Bunte
Lumières : Kristina Feix
Durée : 1h
Photo : © Mara Sommer

Pièce inscrite dans l’évènement “TAM TAM les dessous de la marionnette”, et dans le Figuren Focus dédié spécialement à la production marionnettique allemande.

Publié le 26 octobre 2009
https://www.ruedutheatre.eu/article/590/l-enfant-orphelin/