Une définition de la folie nazie


Franck Mercadal tente d’expliquer pourquoi et comment la solution finale a pu être orchestrée par des hommes comme vous et moi. Il décrit la vie d’un soldat un peu simple d’esprit pour qui l’honneur est la fidélité. Une approche intéressante, un personnage dénué de sensibilité, nous présentant l’industrialisation de la mort.

La guerre est finie, Rudolph Lang comparait devant le tribunal et devant le public pour expliquer sa vision du déroulement des choses. Né d’une relation extra conjugale, il s’engage dans l’armée dès ses 15 ans.
Après la première guerre mondiale, l’Allemagne, sa seule église, est affaiblie. Il connait le chômage et les petits boulots, mais qu’importe l’uniforme, Rudolph est un soldat qui obéit aux ordres. Il sera alors enrôlé dans le Parti, et finira en prison pour avoir assassiné un traitre qui aura dénoncé le sabotage d’une voie de chemin de fer.

Sorti de prison au bout de cinq ans, il travaille comme fermier et rencontre sa femme avec qui il aura 3 enfants. Le Parti le retrouve et lui confie la responsabilité de monter un escadron. « Éduquer et recadrer les esprits » pour qu’ils deviennent comme lui.
La guerre revient et il devient enfin officier. Son sens de l’organisation lui vaut de coordonner un camp, puis de mettre en place celui Auschwitz. S’inspirant des camps de concentration polonais, il parviendra à industrialiser la mort et à augmenter sa rentabilité.

La folie sanguinaire des nazis

Traiter une question grave sans aucune sensibilité, il fallait oser, mais c’est ainsi que Robert Merle dans ses textes, parvient à décrire comment la Shoah a pu être vécue par les soldats nazis. Mettant en exergue toute humanité, le soldat répond aux ordres donnés par ses chefs remplis de haine, comme un soldat de plomb dénué de toute éthique, de toute morale, de toute pensée. « Il faut que je parvienne aux objectifs qu’ils m’ont imposés ». C’est effrayant de vérité, mais c’est une belle définition de la folie nazie.

Franck Mercadal tente de nous montrer comment tant d’horreur ont pu être commises par tant d’hommes. Seul le personnage de l’épouse semble avoir une conscience et réfléchir par elle même. Son mari tuerait même ses propres enfants si l’ordre lui était donné. Un niveau d’obéissance aveugle terrifiante. Comme une machine il répète qu’il faut servir le principe éternel : l’Allemagne.
Et hors de question de porter la responsabilité. Pour lui il n’a fait que suivre les ordres, il n’était qu’un rouage, et le seul responsable c’était son supérieur. Et quand on lui demande ce que lui en pensait, il répond simplement « Je suis un soldat, je n’ai pas à m’occuper de ce que je pense ».

Cette pièce parvient avec brio à montrer sans l’excuser la crédulité des soldats, leur sens du devoir, le détachement face à leurs fautes. Un témoignage joué à la perfection, poignant et effrayant.

La mort est mon métier
de Robert Merle
Mise en scène : Franck Mercadal
Avec : Franck Mercadal
Création lumière : Raymond Yana
Scénographie : Olivier Prost
Musique : Wilfried Wendling
Construction décor : Marc Amiot
Production : Cie de la Courte Echelle – Alya
Durée : 1h15
Photo : © DR

Publié le 28 juillet 2013 :
https://www.ruedutheatre.eu/article/2223/la-mort-est-mon-metier/