Le meilleur c’est l’abandon



Geneviève de Kermabon transcende les frontières de l’intimité pour nous offrir des témoignages fantastiques de femmes de tous horizons, dans toutes situations, ressentant et vivant différemment la sexualité, et derrière lesquelles les hommes pourront peut-être comprendre un peu mieux les réactions féminines, et en rire. Les femmes se reconnaitront au travers de la femme mariée sans désir, ou celle qui ne parvient pas à prendre du plaisir, celle qui vit sa première expérience, celle qui ne vit vraiment qu’au travers du sexe, ou celle qui recherche le piquant de l’interdit…

Grisélidis Réal, 75 ans, est une ancienne prostituée. Elle continue de voir ses amours gâchés par des « gâteries qui gâtent tout ». Son histoire va avoir beaucoup d’incidence sur Charlotte qui n’a plus d’envies et recherche à comprendre et à les retrouver. En proie à une immense remise en question sur elle, sur sa sexualité, celle des autres, sur les rapports humains, elle va à la rencontre de témoignages. Celui d’une femme mariée qui ne veut plus toucher son mari et ne fait que « rendre des services sexuels », celui d’une acrobate vierge qui va vivre une première relation désastreuse, celui d’un homme qui fréquente des clubs échangistes ou d’une femme qui rêve que son homme la trompe avec une autre…

Des personnages avec chacun leur histoire et leur vision sur le sexe défilent au travers de masques et marionnettes qui prennent vie dans les bras de la comédienne seule sur scène. Femme et comédienne d’expérience, poétique, drôle et sensible, Geneviève de Kermabon nous emporte pendant une heure dans le désir charnel et la féminité. Loin de la vulgarité, elle vulgarise le désir de l’homme et de la femme dans une justesse parfaite.

L’amour beau et effrayant vient se heurter au sexe, tantôt barrière, tantôt moteur de passion. Pour l’une, l’acte physique apparaît comme un harcèlement et une consommation de son corps, l’autre comme sa seule façon d’exister, le désir suprême et l’envie d’entrer dans la peau de l’autre. Dans une tempête d’émotions, un mélange d’anecdotes bien organisé, Sous ma peau est un discours schizophrénique de femmes sensuelles et d’autres qui ne parviennent pas à aller au-delà de leurs complexes féminins ni à satisfaire l’envie de leur homme.

Cette pièce nous ouvre la porte sur l’intimité de personnalités illustrées par des masques et marionnettes, incarnations de ces femmes, et barrières derrières lesquelles elles se réfugient pour crier leur désespoir. Des récits dont on aime se délecter tant ils sont proches de la réalité, et de nous.

Sous ma peau – Le Manège du désir
de Geneviève De Kermabon
Mise en scène : Geneviève De Kermabon
Avec : Geneviève De Kermabon
Lumière : Pascal Sautelet
Musique originale : Jean-Marie Sénia
Durée : 1h

Publié le 18 mai 2012
https://www.ruedutheatre.eu/article/1743/sous-ma-peau-le-manege-du-desir/