L’innocence contre les médisances


Stéphane Cottin signe ici sa première comédie classique, avec la dynamique d’une troupe de douze comédiens qui nous embarquent dans une histoire pleine de rebondissements. Ce spectacle dénonce avec humour la frontière entre les castes, et l’immense différence entre l’être et le paraître, et offre un moment de fraicheur à un public conquis.

Dès la première scène le ton est posé : nous rencontrons Checchina et Beppo promis l’un à l’autre en mariage, et quatre langues de vipères : deux bourgeoises de la famille et deux voisines vénitiennes. La beauté de leur amour n’a d’égal que la méchanceté de leur entourage qui découvrira que la promise n’est peut-être pas la fille de son père, et remettront en question la tenue de la cérémonie.

Les changements de décors sont effectués sous nos yeux en deux temps trois mouvements, pendant des monologues ou des intermèdes musicaux. Trois panneaux mobiles composent les éléments principaux de la mise en scène rythmée et coordonnée à la perfection. Tantôt murs intérieurs, tantôt murs extérieurs, ils personnalisent des lieux divers et variés de Venise, identifiés par quelques éléments de décors placés directement par les comédiens.

Si les cancans sont prévisibles, les péripéties le sont moins et le loufoque de la pièce prend son envol dès le départ des échanges, pour atteindre son apogée dans des éclats de rire et de joie. Outre l’histoire des deux amoureux, nous sommes témoins de scènes hilarantes entre faux riches et bourgeois. Leurs interactions pointent du doigt la cruauté des rapports humains, avec humour, certes, mais affichant les différences sociales élargissant les frontières entre les personnes.

L’innocence des tourtereaux et leur amour seront vite entachés par les médisances alentours. Ces retournements aux allures de théâtre de boulevard à l’ancienne s’ouvrent sur une belle conclusion : « pour vivre heureux vivons loin des autres ».

Les cancans
de Carlo Goldoni
Mise en scène : Stéphane Cottin
Avec : Aurélie Bargème, Adèle Bernier, Emmanuel Curtil, Laure Guillem, Jean-François Guillet, Marine Lecoq, Michel Lagueyrie, Marie-Christine Letort, Jean-Pierre Malignon, Clément Moreau, Stéphane Olivié Bisson et Stéphanie Vicat
Traduction et adaptation : Dorine Hollier
Assitante à la mise en scène : Sonia Sariel
Scénographie : Sophie Jacob
Costumes : Aurore Popineau
Lumières : Marie-Hélène Pinon
Son : Michel Winogradoff
Chorégraphie : Sophie Tellier
Coiffures : Magalie Roux
Durée : 1h20
Photo : © Bruno Perroud

Publié le 8 mai 2012
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